« Le blé ne peut pas être la variable d’ajustement au soutien à l’Ukraine. »

Danièle Noël
Filière céréalière française
(© @MoDem 54)

Depuis le début du conflit en Ukraine, c'est un fait, les céréales, le blé en particulier, sont utilisées par les Russes pour peser sur le plan géopolitique. 
 

C’est ce qu’a pu constater ce mercredi 20 mars, Antoni Banasiak, membre du Bureau exécutif du MoDem 54 lors de la 15e matinée de l’export auquel il a participé à Paris ; en présence notamment de Franck Riester, ministre chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité et Franck Leroy président de la région Grand Est.

Un sujet brûlant d’actualité.

Fort du constat émis par Baudouin Delforge, Président de Agro Paris Bourse, la filière des grains continue de traverser, depuis plusieurs années, de profondes mutations. L'essor structurel de la volatilité des marchés agricoles, la multiplication des acteurs, la mondialisation des échanges et la tendance paradoxale à la concentration des offres, sont des acquis du secteur. C'est l'enjeu du maintien de la compétitivité de cette filière stratégique pour l'économie française et la stabilité mondiale .

Or, selon Franck Riester, « le blé ne peut pas être la variable d’ajustement au soutien à l’Ukraine. »

Des propos qui rappellent ceux de Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture qui disait il y a peu :

Comme il le fait avec l'énergie, Vladimir Poutine utilise l'alimentation comme une arme. Son but est de déstabiliser les marchés mondiaux des céréales, pour que cela atteigne les pays qui sont dépendants des importations de céréales.

L'Ukraine est historiquement un gros producteur mondial de céréales et un gros exportateur, notamment à destination des pays africains. En la bombardant et en bloquant ses exportations par différents moyens, la Russie tente de déstabiliser sa cible et de s'affirmer comme principal fournisseur. Le président russe a une action tout à fait perverse dans ce domaine, qui perturbe l'organisation internationale et qui contribue à l'aider dans la guerre qu'il mène en Ukraine.

Un constat qui explique aussi que la France ait "tout intérêt à contrer cela en aidant les pays producteurs à écouler leurs produits de meilleure qualité vers les pays qui en ont besoin". "Il faut assurer les commandes de grain pour assurer un équilibre des marchés et ne pas faire le jeu de Poutine". Pour protéger, aussi, les exploitants français touchés, forcément, par la déstabilisation des cours de céréales.

Alors que la guerre en Ukraine a fragilisé l'équilibre mondial des exportations de céréales, jusqu'à raviver le spectre d'une crise alimentaire en particulier sur le continent africain, la Russie défend son statut de premier exportateur mondial de blé.

 « Actuellement, la Russie domine les échanges, a ainsi confirmé Alexandre Marie, chef analyste au sein du cabinet Agritel. Elle pourrait ainsi réaliser un nouveau record d'exportation de 49 millions de tonnes contre 48,1 millions l'an dernier. La part de marché de la Russie approcherait alors, pour la première fois, un quart du commerce mondial ». L’influence de la Russie sur le marché mondial du blé s’est amplifiée depuis le début de la guerre en Ukraine, avec des récoltes et des exportations record : 50 Mt à l’export cette campagne, soit 25 % du marché mondial.

« La Russie avait déjà fait son réarmement céréalier en 2014 », au début des sanctions européennes et étasuniennes, a rappelé le chercheur Sébastien Abis. Elle a poursuivi son réarmement agricole entre 2014 et 2022 via la diversification des productions, « en allant chercher de l’animal, plus de végétal, des fruits et des légumes, etc. ».

C’est sans fléchir que le Ministre chargé du Commerce extérieur affirme que  le gros dossier complexe est la Russie avec un agenda de déstabilisation du monde et d’impérialisme à tout prix (fluctuation des marchés, perturbation des chaînes de valeurs) avec la volonté claire d’utiliser le blé comme une arme pour ses intérêts particuliers. 

Cette russification s’est faite « par les volumes et par des prix bradés », le pays « s’affranchissant des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Une surface de la Russie de l’est est louée à la Chine qui manque de terres arables avec déjà 80 projets en cours, signe d’un partenariat durable .

Et tandis que les sanctions occidentales se sont intensifiées depuis le début de la guerre en Ukraine, « la Russie n’a jamais autant pesé qu’aujourd’hui ». Cette russification du marché du blé depuis deux ans a été facilitée par le fait « qu’il n’y avait personne sur le banc de touche pour prendre la place de l’Ukraine ».

La 15e matinée de l’export s’est terminée sur les impacts de la présence russe et des évolutions des flux dans les régions clientes de la France. 

L’Egypte, l’Algérie et l’Arabie saoudite se sont tournées vers la Russie qui a des prix compétitifs. Ce sont des marchés à reconquérir.

15e matinée de l’export

De cette journée de débats, Antoni Banasiak retient plusieurs éléments clés : 

L’Afrique peut constituer une voie de contournement des sanctions pour la Russie. 

C’est aussi un terrain de confrontation avec les occidentaux (ex : frappes de drones non identifiées sur des assets logistiques du groupe Wagner en Afrique). En complément, la stratégie politique russe en Afrique via Wagner consiste à vendre ses matières premières et déstabiliser les pays occidentaux dont la France.

Touchée mais pas coulée, l’économie russe - comme le reste du monde - s’adapte à la guerre et aux sanctions. La Chine va jouer un rôle prépondérant  sur la suite de la conjoncture russe.

La souveraineté c’est choisir ses dépendances et notamment la question alimentaire, à la base de la pyramide des besoins, la question de l’énergie et de la santé.

Une lueur d’espoir pour conclure : les  efforts de filières céréalières se font sur le temps long face aux nouveaux arrivants comme la Russie. 

La France  a de nombreux atouts pour de nombreux marchés ! 
 

DN

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