Nancy, des arbres dans la ville : et si on renonçait aux incohérences ? 

Danièle Noël
Arbres en pots Nancy
(© @MoDem 54)

Mettre des arbres en pots en ville : c’est une hérésie, c’est un acte de maltraitance végétale, c’est une arnaque.

Le végétal en ville est devenu un gage de qualité de vie et de qualité environnementale. Il correspond à un temps de prise de conscience des conséquences de l’anthropisation.*

Des initiatives réussies de végétalisation en ville fleurissent ici ou là depuis plusieurs années : trame verte et bleue, gestion écologique des parcs, friches, fauche tardive ou encore végétaIisation des pieds d’arbres, semis de plantes pollinisatrices … dont nous devons collectivement nous approprier.

Autant de mesures recommandées par le Plan biodiversité, rédigé par un comité interministériel du même nom, qui fixe des objectifs : « atteindre une moyenne comprise entre 1 arbre pour 4 habitants et 1 arbre pour 10 habitants » et également par l’Union européenne. 

Ces mesures, le Mouvement démocrate de Meurthe-et-Moselle les préconise fortement. Elles répondent également à une vraie demande des citoyens.

À vouloir mettre de la nature dans la ville à n’importe quel prix, on finit par tuer les deux.

Un nouveau projet dit « ambitieux » mené par la Ville de Nancy promet d’offrir un environnement plus verdoyant.   
Il concerne, en autre,  la place Simone Veil, et a débuté mercredi 3 juillet 2024. Ses objectifs sont de :

- reconfigurer les espaces minéraux en espaces verts et de respiration,

- végétaliser pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur.

Si la démarche - en ces termes - semble louable, la réalité est tout autre :

le verdissement précipité montre une grande incompréhension du rôle que doit jouer la nature, de sa dimension compensatoire dans la ville.

La réalisation végétale, place Simone Veil à Nancy, en est l’illustration ; le verdissement reste obscur, sans pour autant faire de l’ombre et apporter fraîcheur et bien vivre la ville.

La solution retenue, même si elle est vantée comme « transitoire » et « de qualité », est la plantation d’arbres en pots… 

Ainsi, 70 arbres venus d’Allemagne -replantés dans des pots- ont fait leur arrivée pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur de la place jugée trop minérale.

Arbres en pots : Un côté très démago 

Pourquoi démago ? Parce que : 

- Mettre des arbres en pot représente un effet nul sur la photosynthèse ; il n’y a pas suffisamment de profondeur de sol pour absorber le dioxyde de carbone (CO2 )

- Pour permettre un bon développement de l’arbre, la recolonisation des insectes et des oiseaux, la régulation des eaux de pluie, les études scientifiques ont prouvé qu’une fosse de plantation de 10 m² est nécessaire ; un volume qu’aucun pot ou bac ne pourra offrir aux végétaux,

-  Planter un arbre exige de répondre à un objectif à long terme pour produire les effets désirés, soit une durée de vie de 30 ans !

Pour qu’un arbre donne le meilleur de lui-même, il faut répondre à ses besoins vitaux. C’est un question de bon sens : l’arbre doit pouvoir se déployer dans un espace souterrain suffisant en quantité comme en qualité.

L’arbre en pot en ville est un nons-sens !

C’est de la com’ plutôt qu’une stratégie solide et du développement soutenable.

Un arbre en bac ne peut pas développer son système racinaire, si essentiel à sa vie. Il s’étiolera tôt ou tard avant de mourir.
Force est de constater que moins de 10 jours après leur plantation en pots, les arbres sont déjà en grande souffrance malgré un arrosage régulier.

Arbres en pots NANCY

On fait croire aux urbains qu’il est possible, d’un coup de baguette magique, d’introduire la forêt dans la ville. C’est un mensonge.

Les arbres en ville ne sont pas des gadgets marketing. Ils sont un écosystème qui a besoin d’espace, d’espèces et de temps. 

Le mieux qu’on  puisse obtenir au bout de quelques années de « mini-forêt », ce sont des broussailles qui, bien entretenues, peuvent devenir un bosquet. Mais le plus souvent, c’est une broussaille dont le rôle principal est d’accueillir les papiers gras , les mégots de cigarettes et les canettes.

Du respect du végétal, il n’y en a aucun !

Les erreurs commises actuellement sont réelles et visibles : les arbres sont en souffrance, le projet ne respecte pas les promesses annoncées par la Ville de Nancy dans le plan arbres du « respect du végétal au cœur  ».

Du respect du végétal, il n’y en a aucun ! Les Nancéiens pourront assister, assis à l’ombre des terrasses, à l’agonie de 70 arbres. Ce sera la première image que les visiteurs, sortant de la gares, se feront de notre ville.

Planter sans se planter

Plutôt que de planter «des mini forêts en pots», même temporaires, il serait plus judicieux de prévoir que chaque rue de Nancy ait son arbre planté en pleine terre, pas dans des bacs ! Chaque perspective pourrait se développer à maturité, aurait sa part végétale, son feuillage, sa différence. Avec une biodiversité plus riche, on crée des écosystèmes urbains plus résilients.

Ici, on fait tout le contraire.

Si on veut de grands arbres nous apportant de l’ombre, offrons-leur de l’espace !

La vraie question est de mettre en œuvre un projet dont la soutenabilité est réelle. Sommes-nous en route vers une véritable transition sociale-écologique ou n’avons-nous droit qu’à un discours et des solutions poudre aux yeux ? 

Les végétaux sont des êtres vivants, ils ne sont pas des objets de déco ou des alibis climatiques.

Nous avons la responsabilité de respecter leurs besoins et de les planter dans les conditions qui leur assureront un bel avenir.

Il faut repenser l'urbanisme en fonction des arbres, de la même manière qu'on le fait avec le patrimoine bâti historique, et anticiper l’avenir en se tournant par exemple vers le biomimétisme. Il s'agit de construire avec et autour de l'arbre.

Le constat et les propositions que le MoDem 54 énonce ici relèvent de la lucidité : c’est du pragmatisme et une volonté d’être avant tout efficace dans l’action.

Cette nécessité de planter la ville peut être en revanche une belle opportunité pour réintroduire un lien de connaissance et de respect entre le monde végétal et tous les décideurs de plantations urbaines qui, pour beaucoup, ont perdu le lien avec la nature.

#Environnement #NatureEnVille #Arbres #Nancy 

👉 Pour aller plus loin :

* Anthropisation : phénomène de modification des paysages et de la biodiversité par l’activité humaine.

Plans biodiversité
🇫🇷 https://biodiversite.gouv.fr/sites/default/files/2023-11/Mesure-21-Cahier-des-fiches-mesures-SNB2030.pdf

🇪🇺 https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/biodiversity/

🔶 Région #GrandEst https://biodiversite.grandest.fr/lecosysteme-regional/un-peu-de-strategie/

Autres liens utiles  (liste non exhaustive)

-CEREMA : https://www.cerema.fr/fr/actualites/planter-se-planter-7-regles-bien-vegetaliser-nos-villes

-Francis Hallé « Du bon usage des arbres » : 

https://www.lagazettedescommunes.com/810013/francis-halle-plaide-pour-un-bon-usage-des-arbres-par-les-elus/

-ADEME Nature en ville :  

https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/1170-amenager-avec-la-nature-en-ville.html

-Caroline Mollie • Architecte-Paysagiste • spécialiste des arbres en milieu urbain : 

https://magazine.hortus-focus.fr/blog/2023/09/05/dire-nimporte-quoi-sur-les-arbres-en-ville-ca-suffit/

-Chroniques d’Alain Sarfati

https://chroniques-architecture.com/lavenir-de-la-ville-est-aux-avenues-du-xxie-siecle/

-Démocrates Pour La Planète : 

https://www.democratespourlaplanete.fr/fr/actualites/pourquoi-faut-il-preserver-la-biodiversite-webinaire

https://www.democratespourlaplanete.fr/fr/ressources/mooc-et-cours-gratuites-pour-comprendre-la-planete-et-le-developpement-durable

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